L’ÉMAIL, QU’EST CE QUE C’EST ?
L’émail est un cristal très raffiné, coloré à l’aide d’oxydes métalliques.
Le plus souvent, l’émail est broyé pour être utilisé sous forme de poudre. Émailler consiste à fixer cette poudre d’émail sur un support métallique (or, argent, cuivre, acier, bronze), par de courtes cuissons successives dans un four chauffé aux alentours de 850°C.
Lors de son passage au four, l’émail va ainsi se lier au métal, permettant d’obtenir une couche vitrifiée uniforme, et ce n’est qu’après la cuisson que l’émail révélera sa vraie couleur ainsi que l’intensité de son éclat. L’émail offre à l’artiste d’infinies possibilités.
De plus, il existe de nombreuses techniques d’applications comme : le champlevé, le cloisonné, l’émail peint, la grisaille, l’émail en basse taille et le plique à jour (ou émaux de plique).
C’est souvent la matière qui guide l’inspiration. L’émail apporte de la préciosité aux oeuvres. Leur élaboration patiente et leur délicatesse en accentue la poésie.
HISTOIRE DE L’ÉMAIL
L’art de l’émail est très ancien, il est né de la rencontre entre le métal et le verre, unis par le feu.
Selon les époques et les lieux, les artistes n’ont pas toujours utilisé la même technique d’émaillage.
CONNU DEPUIS L’ANTIQUITÉ
L’histoire (ou le travail) de l’émail est connu depuis l’Antiquité. Des fouilles ont montré que les tombeaux égyptiens renfermaient des figurines, des vases et objets de toutes sortes en terre revêtus d’émail.
C’est lorsqu’il est importé à Limoges au Moyen Âge qu’il connait un essor considérable.
Les premiers émaux limousins apparaissent vers 1130-1140. La production émaillée limousine du Moyen Âge est réalisée selon la technique du champlevé. Elle est connue sous le nom d’oeuvre de Limoges.
La majeure partie de la production consiste en objets de culte. Fait remarquable, la région possède encore de nombreux exemples conservés de nos jours dans les églises pour lesquelles ils avaient été prévus.
AU FIL DES SIÈCLES
Au fil des siècles, de nouvelles techniques apparaissent et se développent, comme la technique de l’émail peint, la grisaille, et les utilisations des pièces émaillées sont différentes. Les émailleurs adaptent leurs oeuvres au goût de la société. Ils créent des formes nouvelles.
DEPUIS 1945
Les émailleurs de Limoges s’organisent : ils créent en 1937 le Syndicat des émailleurs limousins et édictent une charte garantissant technique et matériaux, un travail à la main, une provenance et un savoir-faire éprouvé. De plus, la désignation « émail » est protégé par un décret.
Le défi pour les émailleurs réside désormais dans le fait de trouver une manière commune de contribuer à faire vivre l’émail de Limoges tout en laissant chacun libre de s’emparer du matériau au gré de son inspiration.
Depuis près d’un millénaire, l’art de l’émail contribue à la renommée de Limoges. Sa singularité est d’avoir compté, à diverses époques, des artistes capables de renouveler leurs pratiques et de réaliser des œuvres novatrices en phase avec leur temps, malgré quelques éclipses.
Aujourd’hui, ce savoir faire est inscrit au patrimoine immatériel de France.
LES TECHNIQUES D’ÉMAILLAGE
L’émail champlevé (de : «lever le champ»)
L’émailleur creuse des cavités dans l’épaisseur du métal selon le dessin prévu, à l’aide de burins et d’échoppes. L’émail en poudre humide y est déposé puis subit les cuissons lui permettant de se fixer au métal. La couleur est ainsi cernée par le métal que l’outil a épargné. Des ponçages successifs de plus en plus fins éliminent alors l’émail excédentaire et redonnent à la pièce le poli nécessaire. Une dorure donne à la pièce son aspect définitif et la rend inaltérable. Le champlevé est la technique des émaux limousins du Moyen Âge.
L’émail cloisonné
Connue dès l’Antiquité, cette technique consiste à fixer par soudure de fines cloisons d’or, d’argent ou de cuivre sur le support de métal, créant ainsi un réseau d’alvéoles qui maintiennent l’émail de façon précise à la place souhaitée. L’émaillage et la finition sont de même nature que pour la technique du champlevé.
L’émail peint
La plaque est recouverte de fondant sur ses deux faces et subit une première cuisson : l’envers est ainsi protégé des attaques du temps et l’endroit préparé à recevoir le décor. Ce dernier s’obtient par la superposition de nombreuses couches d’émail coloré, déposé à la spatule, qu’un nombre identique de cuissons permet de fixer. Des couleurs vitrifiables, broyées suffisamment fines pour être maniées au pinceau, permettent de rehausser certains détails. De même, la pose de minces feuilles d’or ou d’argent, appelées « paillons », noyées dans l’émail, confère à la couleur un éclat particulier. La technique de l’émail peint apparaît à Limoges à la fin du XVe siècle.
La grisaille
Dérivée de l’émail peint, elle consiste à superposer un émail blanc sur un fond noir. Par grattage, à l’aide d’outils extrêmement fins, l’artiste obtient une gamme très étendue de gris, qui convient admirablement à l’art du portrait. Elle fit la renommée de Limoges à la Renaissance.
L’émail de basse-taille
La plaque de métal est ouvragée par gravure, martelage, ciselage ou tout autre procédé similaire. Des émaux translucides sont cuits sur le support ainsi préparé et permettent de mystérieux et chatoyants jeux de transparence.
Émaux de plique
La plaque est percée de part en part à l’endroit des surfaces colorées. L’émail est logé dans ces ouvertures et demeure, après cuisson, apparent sur l’endroit et l’envers de la plaque. L’effet est comparable à celui du vitrail mais sur des formats beaucoup plus réduits cependant.